Les familles déportées en Allemagne

André Doll avec ses parents Albertine et Jean-Baptiste en déportation en Allemagne
André Doll avec ses parents Albertine et Jean-Baptiste en déportation en Allemagne

Le 26 février 1943, sous l’occupation allemande,75 personnes(parents et enfants)ont été arrêtées dans la nuit par les autorités nazies et déportées en Allemagne car un ou plusieurs membres de leurs familles avaient pris la fuite pour se soustraire à l’incorporation forcée dans l’armée allemande.

 

Ces derniers étaient au nombre de 35 à 40.Une série de maisons se trouvaient abandonnées et furent occupées par des sinistrés venus de grandes villes bombardées de l’Allemagne.

 

En 1945 seulement, ces familles dispersées ont rejoint leur foyer et ont pu redresser leur situation lamentable.


Liste des personnes ayant pris la fuite en Suisse
Liste des personnes ayant pris la fuite en Suisse

Récit détaillé des circonstances d'évasion d'Antoine Walch (Winkel)

 

 

" Etant de la classe 1942 qui fut incorporée dans l’armée allemande, après passage du conseil de révision, j’ai reçu l’ordre d’appel le 7 octobre 1942 avec incorporation le 12 octobre 1942 et affectation au « Gebirgsjaeger Ersatz bataillon à Maarburg  an der Drau (en Yougoslavie).  "

 

Pour me soustraire à cet enrôlement, j’ai décidé mon évasion par la Suisse pour rejoindre la zone française libre. Je partis de mon domicile le 12 octobre 1942 à 2 heures du matin en compagnie de Aimé Schmitt de Winkel (dans le même cas que moi) et de Antoine Schmitt qui voulait se soustraire au service du travail allemand. A travers bois, ayant évité de justesse une patrouille allemande, j’ai gagné la Suisse où je me présentais à la police à Charmoille.

 

Il fut donné suite à ma demande de me rendre en France (zone libre); je rentrais en France à Annemasse, le 16 octobre 1942. Après un séjour de 24 heures au centre d’accueil de Lyon Villeurbanne, sur ma demande, je fus dirigé et affecté à Arthaz (Haute Savoie) chez Monsieur François Rossat, comme ouvrier agricole.

 

A la suite de l’occupation par les allemands de la zone libre, pour ne pas tomber comme déserteur dans les mains allemandes ou des autorités pro allemandes, je passais de nouveau la frontière près de Saint-Cergues, et je me suis présenté à la police suisse à Jussy. C’était le 13 novembre 1942.

 

Je fus interné en Suisse comme déserteur dans l’armée allemande et après un séjour au camp d’accueil de Buren (Canton de Berne), je fus affecté comme ouvrier agricole chez Monsieur Charles Noirat à Charmoille.

 

Je ressortis de Suisse le 28 octobre 1944 pour rejoindre les Forces Françaises -Groupe Mobile d’Alsace- cantonnées à Ornans (Doubs). "

 

Les parents d'Antoine Walch, Joseph et Thérèse, ainsi que sa soeur Denise furent déportés en Allemagne d'abord à Schelklingen puis à Niederhofen jusqu'au 23 mai 1945.

 

 

Umsiedlungslied

 

Früh morgens bei Tagesgrauen

Da kam die Polizei

Und schreckte uns aus dem Schlafe

Verlassen must Ihr Euer Heim

 

Macht Euch nun Reisefertig

Es ist die höchste Zeit

Nach dem Alt Reich werdet ihr Umgesiedelt

Die Wagen sie stehen bereit

 

Es weinten Frauen une Kinder

Es bracht manches Männerherz

Beim Verlassen der Heimat der Lieben

Beim Verlassen Haus und Herd

 

Wir führen von Altkirch hinüber

Wohl über den schönen Rhein

Nach Riessen abtransportiert

In ein Erholungsheim

 

Wir glaubten uns schon in Verbannung

Auf einmal kam der Befehl

Nach Riesa an der Elbe

Müsst Ihr zur Arbeit gehen

 

Nun stehen wir wie Bettel Kinder

Mit Wenig Hab und Gut

In der Ferne grad wie die Sünder

Und klagen einander die Not

 

Schon manches wird uns entrissen

Vom Tode über ereilt

Er sieht nicht die Heimat der Liebe

Gott schenckt ihm die Ewigkeit

 

Doch eines bleibt bestehen

Die Hoffnung wir kehren zurück

Nach diesen gewaltigen Ringen

Ins Elsass Land zurüruck

 

Texte rapporté par la famille de Gustave Lorentz d'après la mélodie de "wer das Scheiden hat erfunden"

Chant des déportés (traduction)

Tôt dans la grisaille du matin

Est venue la police

Et nous tira brutalement du sommeil

Vous devez quitter votre domicile.

 

Préparez-vous à partir.

Il est grand temps.

D’après l’ancien Reich vous serez déportés.

Les voitures sont prêtes.

 

Les femmes et les enfants pleuraient.

Cela a brisé nombre de cœur d’hommes

En devant laisser la patrie natale

En devant laisser maison et troupeau.

 

Nous passons de l’autre côté par Altkirch

Certes par-dessus le beau Rhin

Transportés vers Riessen

Dans une maison de repos.

 

Nous nous sommes déjà crus en exil

Du coup est venu l’ordre

A Riesa sur l'Elbe

Vous devez aller travailler.

 

Maintenant nous sommes là comme des enfants mendiants. Avec peu d’affaires et de biens

Au loin comme des pécheurs. Et nous nous plaignons entre nous de notre misère.

 

Bien des choses nous ont déjà été arrachées

Rattrapées par la mort

Il ne voit pas la patrie de l’amour

Dieu lui offre l’éternité.

 

Mais une chose persiste

L’espoir de revenir

Après cette énorme lutte

Dans notre pays, l'Alsace.