Article paru dans l'Annuaire 2015 de la Société d'Histoire du Sundgau

 

Le 8ème Régiment de Tirailleurs Marocains dans le Sundgau

 par Philippe LACOURT et Fernand BLIND

 Publié avec l'accord de la Société d'Histoire du Sundgau

 

 

 

 

Sollicités par l'association « Amitié Maroc – Sud Alsace » pour un travail de valorisation du Sentier des Marocains à Winkel, nous avons découvert un aspect méconnu de l'Entre-Deux-Guerres : la présence du 8ème Régiment de Tirailleurs Marocains (8e RTM) dans le Sundgau. Dans le cadre de la construction des prolongements de la ligne Maginot, ce régiment a été cantonné dans plus de quarante localités Sundgauviennes entre 1936 et 1940.

 

 

 

 

 

 

Campement de tirailleurs marocains à Horni (entre Kiffis et Winkel), 

en face du village suisse de Roggenburg (archives privées).

 

Un régiment nord-africain

 

 

                Les régiments de tirailleurs marocains étaient  composés en grande majorité de tirailleurs et de caporaux « indigènes », c'est-à-dire pour la plupart marocains, mais aussi algériens. Toutefois, parmi eux, figuraient également des Français. Par exemple, le 3ème bataillon intégrait, en avril 1939, 512 tirailleurs et caporaux indigènes ainsi que 44 tirailleurs et caporaux français.

               

                Au niveau des sous-officiers, les proportions étaient différentes : le 3ème bataillon comportait 36 sous-officiers indigènes contre 31 européens.

 

                L'encadrement était constitué d'officiers français. Ainsi, le commandant du régiment fut, de 1938 à 1940, le colonel Jacques Arthur Chatras. Néanmoins, en cette fin des Années Trente, quelques officiers indigènes figurèrent parmi l'encadrement : trois en 1939 (le lieutenant Majoub ben Brahim, le sous-lieutenant Omar ben Larbé et le sous-lieutenant Mohamed ben Ahmed) ; cinq en 1940 (les trois précédents ; le lieutenant Bouchta ben Baghdadi et le sous-lieutenant El Hassan el Hadj).

 

                En somme, le 8e RTM reprenait le système colonial, avec des Français donnant des ordres à une majorité de Nord-Africains et à une minorité d'Européens, certains indigènes ayant la possibilité d'intégrer l'élite.

 

                Le 8e RTM possédait quelques véhicules, mais se caractérisait aussi par la présence de nombreux animaux : chevaux et surtout mulets. En avril 1939, chaque bataillon disposait d'environ cinq chevaux et 36 mulets. Le régiment avait aussi des béliers-mascottes.

 

Officiers du 8ème RTM devant la mairie d'Oberlarg

(archives privées).

 

                Les militaires avaient une certaine proximité avec leurs animaux et essayaient de leur adoucir la vie. Ainsi,  « au 2ème bataillon, un attelage de la CA2 s'étant emballé, le conducteur a été blessé et hospitalisé à Mulhouse. Le cheval Papillon a dû être abattu ». De même, le commandant Bridot refuse d'affecter six mulets aux travaux de la partie centrale du Glaserberg : « Je ferai l'impossible pour que nos animaux ne tirent pas des wagonnets ».

 

Raisons de la présence des Marocains dans le Sundgau

A partir d'octobre 1935, le 8e RTM est installé à Belfort, dans la caserne Béchaud. L'arrivée en métropole de ces troupes coloniales s'explique par les menaces de guerre avec l'Allemagne.  D'une part, la présence de soldats professionnels près des frontières orientales est nécessaire ; d'autre part, la France renforce la ligne Maginot. A cette époque, les soldats marocains constituent ainsi une main d'oeuvre peu coûteuse, mise à la disposition du Génie, pour la construction des fortifications.

 

Premiers travaux (1936)

 Au cours de l'année 1936, l'ensemble du 8e RTM a travaillé dans le Sundgau.

 

                A partir du 5 avril 1936, le 1er bataillon arrive par voie ferrée à Werentzhouse, puis installe ses cantonnements principaux à Bettlach et à Oltingue. Les travaux consistent à construire des coupoles pour mitrailleuses et canons de 47 au moulin d'Huttingue, à Oltingue et à Bettlach. Des détachements ont aussi pour mission d'ériger un champ de rails antichars, de bétonner des casemates à Linsdorf et de travailler au Blochmont. Les travaux sont retardés par une grosse tempête de neige le 18 avril.

 

                Dans le même temps, à partir du 25 mai, le 3ème bataillon est présent près du Rhin, à Kembs et à Sierentz. Il pose un câble téléphonique enterré et effectue les terrassements d'un PC de communication à Petit-Landau. Par ailleurs, des travaux de fortification ont lieu à Chalampé et à Neuf-Brisach.

 

                Les 1er et 3ème bataillons quittent le Sundgau à la mi-août. Le 12 octobre, c'est le 2ème bataillon qui se rend près du Rhin. Les tirailleurs posent des câbles téléphoniques et  installent des champs de rails durant un mois.

 

Les petits chantiers de l'année 1937

                Le 2ème bataillon revient en Alsace le 12 juin 1937, à la fois près du Rhin, à Sierentz (travail à la carrière dans la Hardt) et dans le canton de Ferrette (Muespach-le-Haut et Bettlach). La 2ème Compagnie pose des lignes aériennes à Sondersdorf. Les travaux durent jusqu'en juillet.

 

 

                Au moment du départ du 2ème bataillon, le 3ème bataillon se rend à Ligsdorf, pour construire une route. Il y reste un mois.

 

L'année 1938

Comme en 1936, c'est à nouveau l'ensemble du régiment qui s'active dans le Sundgau.

 

                Le 1er bataillon se rend à Willer le 20 août, pour des travaux de fortifications à Franken et à  Knoeringue. Il est rejoint dix jours plus tard par les deux autres bataillons. Le PC est installé à Hundsbach. La 5ème Compagnie installe un réseau de fil de fer dans le secteur des Trois Maisons.

 

 

                Les 2ème et 3ème bataillons repartent le 15 septembre. Le 1er bataillon les remplace, puis fait mouvement sur Bisel, qu'il quitte en octobre.

 

Le chantier de Winkel (1939)

De 1936 à 1938, les travaux débutaient au printemps ou en été. En 1939, du fait des menaces de guerre, le calendrier est avancé. En début mars, les 2ème et 3ème bataillons se rendent en Alsace. Le 2ème opère dans le secteur de Knoeringue, tandis que le 3ème œuvre dans celui de Winkel. Les travaux, rendus difficiles par la neige, durent moins d'un mois.

 

                En avril, l'ensemble du régiment fait mouvement vers le Jura alsacien. C'est le début du plus grand chantier du 8e RTM, qui consiste à fortifier les hauteurs de Winkel (notamment le Glaserberg), en cas d'attaque allemande violant la neutralité suisse. Tandis que les Marocains servent de main d'oeuvre pour la construction des blockhaus (en lien avec des entreprises), ils construisent en totalité la « route du Filtzwald », aussi appelée « Chemin des Marocains ». Hélène Pinard d'Oberlarg en témoigne : « Les Marocains qui logeaient à Oberlarg allaient à pied par la route reliant Winkel, qui montait à droite à la hauteur de la chapelle, pour accéder au Chemin des Marocains. » Le PC se trouve à Courtavon.

 

                Les travaux durent jusqu'en juin. Pour la première – et unique fois – le 8e RTM laisse une trace de son passage : une plaque en béton ornée de l'étoile marocaine, porte la date de 1939 et l'inscription « RTM » tracée par des empreintes de doigts dans le béton frais.

 

 

Relations avec les Sundgauviens

                La présence du 8e RTM fut le premier véritable contact des Sundgauviens avec des Nord-Africains. Pour la première fois, des tentes orientales – les marabouts – étaient plantées dans le sud de l'Alsace ; on pouvait apercevoir des personnes « de peau  noire » ; un « café maure » était installé à Stetten ... Les relations entre les Sundgauviens et les Marocains furent-elles cordiales ?

 

Les cérémonies

L'état-major du 8e RTM tenait à se faire bien accueillir par la population locale. L'arrivée des troupes prenait la forme d'un défilé. A Courtavon, l'entrée du 8e RTM, « nouba en grande tenue en tête, mais précédée de son bélier-mascotte, fit sensation ».

 

                En témoignent aussi les nombreuses cérémonies célébrées par les troupes devant les monuments aux morts, que ce soit lors de leur arrivée (par exemple le 12 juin 1937 à Sierentz ou le 10 mars 1939 à Sondersdorf), des fêtes militaires (le 14 juillet 1936 à Sierentz et à Oltingue ; le 14 juillet suivant, à nouveau à Sierentz ; le 11 novembre 1937 à Helfrantzkirch et à Bantzenheim) ou de leur départ. A chaque fois, il y avait une revue, une prise d'armes, le dépôt de fleurs, et un défilé. La municipalité de Winkel remercia le 8e RTM d'avoir déposé une gerbe devant son monument aux morts en faisant un don de 100 francs aux oeuvres sociales du régiment.

 

                Les noubas des trois bataillons s'entraînaient longuement pour ces cérémonies. « Les enfants suivaient les musiciens marocains quand ils allaient répéter à l'extérieur du village, au lieu-dit Bedala. Un jour leur chef, de colère, a lancé sa baguette au loin. Par la suite, les enfants sont partis à sa recherche, en vain. » Les répétitions incessantes sont aussi attestées à Courtavon.

 

                De plus, des défilés avaient lieu régulièrement dans les villages. A Winkel, « tous les dimanche matin, les Marocains défilaient autour de la fontaine en haut du village et au croisement de la rue de l'église. En tête, il y avait le bélier, puis un Marocain porte-drapeau et enfin les fifres. En même temps, les marocains chantaient : « C'est nous les Marocains qui revenons de loin, qui venons des colonies défendre votre pays. Nous avons laissé là-bas notre famille... » Toujours à Winkel, « une fois par mois, le capitaine faisait une revue sur son cheval, à l'angle de la rue de l'église. » A Oberlarg, les défilés avaient lieu devant l'école, selon les souvenirs d'Hélène Pinard. A Courtavon, une bande de goudron fut même réalisée pour permettre un bon alignement lors de la présentation des armes aux officiers.

 

Les concerts

Parfois, des concerts étaient organisées par les noubas et la fanfare. Au cours de l'année 1939, les documents militaires en citent à Winkel (le 29 mai ), à Oberlarg et à Levoncourt (le 11 juin, à 17 heures, devant les mairies des deux villages) et à Ferrette (le 4 juin, de 15 heures à 16 heures).

 

 

                En plus de ces concerts, les noubas intervenaient parfois lors de fêtes locales. Ce fut le cas à Courtavon, lors du dimanche de Pentecôte (le 28 mai 1939), mais aussi à l'occasion de la fête du village (le 7 mai 1939).

 

Les rapprochements

Malgré les recommandations de leurs parents, les enfants ont eu de nombreuses relations avec les tirailleurs marocains. A Winkel, Louise Blenner percute un soldat avec sa luge et apprend à compter en arabe. Elle ajoute : « les enfants s'amusaient à arracher le turban des Marocains. Ces derniers n'aimaient pas cela, car ils ne voulaient pas que l'on voie la tresse qu'ils avaient sur la tête. » Nombreux sont les témoignages où les soldats donnent du chocolat noir aux enfants.

 

                A Winkel, selon le journal de marche du régiment, les officiers craignaient que les granges ne soient trop froides. Ce fut effectivement le cas. Monsieur Froehly, ému par la vision d'un tirailleur transi de froid, proposa à son supérieur de le loger au chaud dans l'atelier– ce que l'officier refusa. Cette solidarité se retrouvait un peu partout : « chacun s'évertuait à améliorer l'hébergement des soldats ».

 

 

                Toujours à Winkel, Irène Lorentz se souvient qu'un ami de la famille venait vendre des montres aux soldats marocains.

 

Les différences de religion

Les journaux de marche et opérations attestent que le 8e RTM suivait un calendrier chrétien, avec repos le dimanche et lors des fêtes chrétiennes. Mais, dans le même temps, étaient célébrées des fêtes musulmanes : sont citées la fête du Mouloud (naissance de Mahomet ; c'est une fête typiquement marocaine) et celle du mouton.

 

                Les autorités militaires furent toujours attentives à ne pas provoquer de troubles liés à la différence de religion avec les autochtones. Lors de la première célébration d'une fête musulmane dans le Sundgau, en 1936 à Sierentz, l'état-major prit soin de faire bivouaquer la troupe dans la forêt de la Hardt, loin des habitations. De même, lorsqu'un musulman pénétra dans l'église d'Oberlarg, pour y implorer les saints, les officiers firent preuve de diplomatie pour calmer les esprits.

 

                Néanmoins, les curés incitaient leurs ouailles à se méfier de ces musulmans. « Mes parents m'avaient interdit de côtoyer les Marocains, car on ne les connaissait pas, donc il fallait s'en méfier », se souvient Marcel Hoenner, de Winkel. « Les parents nous mettaient en garde, car ils n'aimaient pas trop leur fréquentation », se rappelle Irène Lorentz, également de Winkel.

 

 

                A Courtavon, un méchoui fut organisé par les Marocains et partagé avec les villageois. « Les jours de fête c'est le méchoui qu'ils cuisent dans le verger Barthélémy. Je me rappelle ces tables bruyantes et animées ». « C'est la découverte de l'Islam. L'Aïd, fête marquant la fin du mois de jeûne, amène chaque compagnie à édifier des fours en terre et en pierres pour rôtir les moutons sacrifiés rituellement par un responsable religieux communément appelé marabout. Cet énorme « méchoui » est partagé par toute la population de Courtavon ».

 

La "Drôle de guerre"

A la fin août 1939, la guerre est imminente. Le 8e RTM, comme toute la 13ème Division d'Infanterie, est cantonné dans la région de Winkel. Ce choix paraît judicieux : les soldats marocains connaissent à la fois le terrain, qu'ils ont sillonné durant les quatre années précédentes, et les ouvrages défensifs, qu'ils ont en partie construits. Dans ces conditions, le 8e RTM est la troupe la plus à même à repousser une éventuelle attaque allemande dans le Jura alsacien.

 

                Mais l'invasion n'a pas lieu : c'est la « Drôle de guerre ». Les soldats marocains consolident donc le système défensif, par exemple en mettant en place des DCA.

 

                Le 27 septembre, le régiment fait route vers le Territoire de Belfort. Dans la troupe, la rumeur court que le 8e RTM est affecté au front, pour un prochain combat, probablement en Sarre. En réalité, une semaine plus tard, le régiment est de retour dans le Sundgau. Durant quelques jours, le 8e RTM bivouaque autour de Koestlach, puis est affecté au môle de Hégenheim, pour  la consolidation de la ligne Maginot.

 

                Pour la période après décembre 1939, la rareté des documents restants (les archives ont été volontairement brûlées lors de la débâcle), ne permet plus qu'une vision générale des mouvements du 8e RTM. Il semblerait qu'il y ait eu une période d'instruction dans le Sundgau central, notamment à Steinsoultz. Puis, à partir du mois de février, le régiment a été affecté à l'organisation offensive de la région de Leymen. Les tirailleurs ont aménagé des chemins et des postes d'observation, avec l'objectif de préparer une attaque sur Bâle, si les troupes allemandes violent la neutralité helvétique. « La marche sur le Rhin, vers Bâle, a été étudiée dans les moindres détails. »

 

 

                Lors de l'invasion allemande de mai 1940, le 8e RTM se trouvait encore sur ces positions. Il fut alors dirigé vers la Picardie, où il subit de fortes pertes.

 

Le pillage des maisons désertées

Au moment de la mobilisation générale, les villages proches du front furent évacués dans le Sud-Est de la France. Il s'agissait des localités situées entre Winkel et le Rhin. Dans chaque localité ne subsistait qu'une commission de sauvegarde, constituée de quelques notables.

 

                Or, dès le début de l'évacuation, les autorités furent alertées par des cas de pillages de maisons désertées. De nombreux rapports de gendarmerie furent adressés au préfet, ce qui déboucha sur une enquête parlementaire, basée sur une visite des lieux du 14 au 16 novembre 1939 . Il en ressortit que, non seulement des voisins, revenus clandestinement, avaient fait main basse sur des objets, mais aussi que certaines troupes avaient allègrement pillé les demeures qu'elles étaient censées protéger.

 

                Qu'en fut-il du 8e RTM ? Les rapports de gendarmerie pointent du doigt des unités françaises, mais nullement les tirailleurs marocains. Un seul cas concernant les Marocains est cité par les gendarmes, à Ligsdorf : « Deux gendarmes ont vu un lieutenant indigène du 8e RTM accompagné de sergents-chefs et soldats, enlevant par camion toutes les denrées, alcools, vins, bicyclettes, outils, etc. pouvant servir à la troupe et pris dans les maisons ; cet officier déclarait agir sur ordre supérieur ». Cet unique témoignage montre que les Marocains ne se ruaient pas sur les maisons. Ils agissaient suivant des ordres, avec présence d'un supérieur. De plus, ils ne prenaient que le strict nécessaire :  la nourriture et certains moyens techniques. Mais ce témoignage est sujet à caution. Il est en effet précisé que les gendarmes ont constaté ce vol avant le 2 septembre. Or, cette synthèse préfectorale est datée du 12 décembre. La précédente synthèse, le 4 octobre, ne mentionne  nullement ce fait, tout comme le rapport du commissaire divisionnaire de police spéciale, le 3 octobre.

 

 

Activités des tirailleurs durant la Drôle de Guerre

                 L'ensemble des témoignages d'officiers recueillis par la suite atteste que le 8e RTM ne demeura pas inactif durant la Drôle de Guerre : « C'est une période de 9 mois pendant laquelle le 8e RTM n'a eu aucun contact avec les Allemands, mais où le Régiment a manifesté une activité continue ». Outre la consolidation des fortifications et les manoeuvres, les Tirailleurs reçurent des séances d'instruction : « Si nos soldats sont d'abord des travailleurs, l'instruction n'est pas négligée. Exercices et tirs trouvent aussi leur place dans l'horaire de notre unité ». Ne nombreux pas de tirs furent aménagés : sur les pentes nord du Leichwald, à Hagenthal-le-Haut ; à Hirtzbach ; à un kilomètre au sud de Moernach ; à la sortie ouest de Ligsdorf, à l'emplacement du calvaire situé à 50 mètres de la route menant à Winkel, auparavant utilisé par les douaniers ; etc.

 

                Suite aux pillages des maisons, il fut donné l'ordre aux troupes de récupérer et de battre les céréales. A Attenschwiller, la Compagnie Hors Rang a ainsi battu plus de 300 quintaux métriques de blé, 20 d'avoine et 15 d'orge.

 

                Cette compagnie fut aussi amenée à nourrir les membres de la commission de sauvegarde, « lesquels ne pouvaient trouver sur place aucune denrée alimentaire ».

 

 

                Enfin, un couple d'espions allemands fut arrêté par le 8e RTM en 1940.

 

Les premiers Nord-Africains dans le Sundgau

Quel bilan tirer du passage du 8e RTM dans le Sundgau ? Sa présence obéissait à des fins militaires, mais aussi psychologiques : il fallait rassurer la population. Ce second objectif fut  atteint, comme le montre l'exemple de Winkel, où la municipalité accorda une subvention au régiment. Le tact dont firent preuve les autorités militaires permit en effet un bon contact avec la population.

 

                L'invasion de mai 1940 provoqua l'envoi du 8e RTM en hâte en Picardie, alors que les tirailleurs avaient été préparés depuis quatre années à défendre le Sundgau. Lorsque les troupes allemandes déferlèrent en Alsace, elles eurent peu de mal à progresser, face à des troupes moins coutumières du terrain que pouvaient l'être les tirailleurs marocains. Les objectifs militaires ne furent donc pas atteints.

 

                La période de l'occupation nazie occulta ensuite la présence du 8e RTM dans le Sundgau. Ne subsistèrent que des souvenirs d'un premier contact amical avec des Nord-Africains.

 

 

ANNEXE :

Les villages sundgauviens où furent cantonnées des unités du 8e RTM

Pour la période antérieure à la guerre, les renseignements ont été obtenus par la lecture des journaux de marche du régiment (SHD, 34 N 305). Pour la période postérieure ont été utilisés certains documents classés sous la cote SHD, 34 N 306, notamment le dossier 4 (ordres et comptes-rendus d'opérations), le dossier 5 (cantonnements) et le dossier 1 (rapports d'officiers, en particulier celui du capitaine Klein). Cette liste n'est pas exhaustive, du fait des lacunes dans les documents en 1939-1940 et de la possibilité de détachements de troupes auprès d'autres unités.

 

ATTENSCHWILLER :      

- du 12 octobre 1939 au 9 décembre 1939 : Etat-Major, compagnie de commandement, compagnie hors rang

BANTZENHEIM :              

- après le 18 juillet 1936 jusqu'au 14 août 1936 : 3ème bataillon, 9ème Compagnie

- du 12 octobre 1936 au 12 novembre 1936 : 2ème bataillon, 6ème compagnie

BETTLACH :                      

- du 5 avril 1936 au 12 août 1936 : 1er bataillon, 3ème Compagnie et PC

- du 12 juin 1937 au 16 juillet 1937 : 2ème bataillon, 7ème Compagnie

BETTLACH (à Saint-Blaise) :

- du 9 décembre à avant février 1940 : CRE

BISEL :                                  

- du 24 septembre 1938 au 6 octobre 1938 : 1er bataillon

BOUXWILLER :                  

- du 4 octobre 1939 au 12 octobre 1939 : 3ème bataillon

BUSCHWILLER :                

- du 9 octobre 1939 au 9 décembre 1939 : 2ème bataillon

CHALAMPE :                      

- du 18 juillet 1936 à avant le 14 août 1936 : 3ème bataillon, 9ème Compagnie

COURTAVON :                    

- du 15 avril 1939 au 19 avril 1939  (?) : 2ème bataillon, Etat-Major et compagnie de commandement

- le 20 septembre 1939 : PC, Etat-Major, compagnie de commandement, CRE, compagnie hors rang

FOLGENSBOURG :

- après le 12 octobre 1936 jusqu'au 14 novembre 1936 : 2ème bataillon, 7ème compagnie

- après le 12 octobre 1939 : 1er et 3ème bataillon, puis uniquement le 3ème bataillon

FRANKEN :                          

- du 9 septembre 1938 au 15 septembre 1938 : 2ème bataillon, CA et 7ème compagnie

GRENTZINGEN :                

- du 30 août 1938 au 9 septembre 1938 : 3ème bataillon, 11ème compagnie

HELFRANTZKIRCH :        

- après le 12 octobre 1936 jusqu'au 13 novembre 1936 : 2ème bataillon, Etat-Major et CA2

HAUSGAUEN :                    

- du 30 août 1938 au 9 septembre 1938 : 2ème bataillon

HEGENHEIM :                    

- du 28 octobre 1939 au 9 décembre 1939 : 1er bataillon

HUNDSBACH :                    

- du 30 août 1938 au 15 septembre 1938 : compagnie de commandement

JETTINGEN :                      

- du 9 septembre 1938 au 15 septembre 1938 : 2ème bataillon, 5ème et 6ème compagnies

KEMBS :                                

- du 25 mai 1936 au 18 juillet 1936 : 3ème bataillon, 9ème et 10ème Compagnies

KIFFIS (au Blochmont) :    

- du 20 juillet 1936 au 8 août 1936 : 1er bataillon, 1ère compagnie

KNOERINGUE :                    

- du 5 mars 1939 au 30 mars 1939 : 2ème bataillon, Etat-Major et CA

KOESTLACH :                      

- du 4 octobre 1939 au 12 octobre 1939 : Etat-Major, compagnie de commandement, compagnie hors rang, CRE

LEYMEN :                            

- de février 1940 à mai 1940 : 3ème bataillon

LIEBENSWILLER :              

- de février 1940 à mai 1940 : 2ème bataillon

LIGSDORF :                          

- du 17 juillet 1937 au 20 août 1937 : 3ème bataillon

LINSDORF :                          

- du 9 décembre 1939 à avant février 1940 : Etat-Major et compagnie de commandement

MAGSTATT-LE-HAUT :      

- du 5 mars 1939 au 30 mars 1939 : 2ème bataillon, 6ème compagnie

MOYEN-MUESPACH :        

- du 17 septembre 1938 au 24 septembre 1938 : 1er bataillon, 1ère compagnie

- du 5 mars 1939 au 30 mars 1939 : 2ème bataillon, 7ème compagnie

MUESPACH :                        

- du 9 septembre 1938 au 15 septembre 1938 : 3ème bataillon

MUESPACH-LE-BAS :        

- du 9 septembre 1938 au 15 septembre 1938 : 3ème bataillon

- du 17 septembre 1938 au 24 septembre 1938 : 1er bataillon, 2ème et 3ème compagnies

MUESPACH-LE-HAUT :      

- du 12 juin 1937 au 16 juillet 1937 : 2ème bataillon, 6ème compagnie

NEUF BRISACH :                  

- du 18 juillet 1936 au 14 août 1936 : 3ème bataillon, 10ème Compagnie

- du 12 octobre 1936  à avant le 14 novembre 1936 : 2ème bataillon, 7ème Compagnie

OBERDORF :                          

- du 30 août 1938 au 9 septembre 1938 : 3ème bataillon, 10ème compagnie

OBERLARG :                          

- du 5 mars 1939 au 31 mars 1939 : 3ème bataillon, 9ème compagnie

- du 14 avril 1939 au 22 juin 1939 : 1er bataillon

OLTINGUE :                          

- du 6 avril 1936  à avant le 12 août 1936 : 1er bataillon, 1ère Compagnie

- du 14 juillet 1936  à avant le 12 août 1936 : 1er bataillon

- du 23 août 1939 au 27 septembre 1939 : 1er bataillon

PETIT-LANDAU :                

- du 3 juillet 1936  à avant le 14 août 1936 : 3ème bataillon, 11ème Compagnie (25 tirailleurs)

RAEDERSDORF :                

- du 24 avril 1936  à avant le 12 août 1936 : 1er bataillon, Cm1

- du 23 août 1939 au 27 septembre 1939 : 2ème bataillon

ROPPENTZWILLER :          

- du 9 décembre à avant février 1940 : 2ème bataillon

SIERENTZ :                          

- du 25 mai 1936 au 14 août 1936 : 3ème bataillon, 10ème et 11ème Compagnies, SEM, CA3 et pionniers

- du 12 octobre 1936 à  avant le 11 novembre 1936 : 2ème bataillon, CA2 et Etat Major

- du 12 juin 1937 au 17 juillet 1937 : 2ème bataillon, 5ème Compagnie, CA2 et Etat-Major

SONDERSDORF :                

- du 28 juin 1937 au 31 juillet 1937 : 1er bataillon, 2ème Compagnie

- du 5 mars 1939 au 31 mars 1939 : 3ème bataillon, 10ème compagnie

STEINSOULTZ :                    

- janvier et février 1940 : ?

STETTEN :                            

- du 5 mars 1939 au 30 mars 1939 : 2ème bataillon, 5ème compagnie

VIEUX-FERRETTE :          

- du 15 avril 1939 au 17 avril 1939 : 3ème bataillon

- du 4 octobre 1939 au 8 octobre 1939 : 2ème bataillon

WALDIGHOFFEN :                

- du 30 août 1938 au 9 septembre1938 : 3ème compagnie, CB et 9ème compagnie

WENTZWILLER :                    

- du 12 octobre 1936 au 14 novembre 1936 : 2ème bataillon, 5ème compagnie

- après le 28 octobre 1939 : 3ème bataillon et CRE

WERENTZHOUSE :

- du 28 avril 1936  à avant le 12 août 1936 : 1er bataillon, 2ème Compagnie

- du 4 octobre 1939 au 12 octobre 1939 : 1er bataillon

- du 9 décembre 1939 à avant février 1940 : 1er bataillon et compagnie hors rang

WILLER :                                

- du 20 août 1938 au 17 septembre 1938 : 1er bataillon

WINKEL :

- du 5 mars 1939 au 31 mars 1939 : 3ème bataillon, Etat-Major et 11ème compagnie

- du 17 avril 1939 au 20 juin 1939 : 3ème bataillon et  2ème bataillon (à partir du 19 avril)

- du 23 août 1939 au 27 septembre 1939 : 3ème bataillon