Les vieux métiers

Les métiers de Winkel aux 19e et 20e siècles

Les métiers du bois

Le bûcheron - d'r Holzer

La commune possédant un patrimoine forestier considérable, nombre de villageois exerçaient ce métier.

La saison d'abattage respectait la période de basse sève qui débutait à la Toussaint et s'achevait vers la mi-avril. Six mois aux bois, six mois aux champs, c'était la coutume. Durant la belle saison, ils étaient agriculteurs.

Le bois était une matière première essentielle et la principale source d'énergie jusqu'au début du XXème siècle. Il alimentait la quasi-totalité des foyers pour le chauffage et la cuisson des aliments.

 

Le garde forestier - d'r Färschter

Agent chargé de surveiller les forêts et d’en chasser les intrus (braconniers , ramasseurs de  champignons et autres baies). Il supervisait l’exploitation des coupes et avait à sa charge les nouvelles plantations d'arbustes.

 

Le charpentier - d'r Zimmermànn

Partout où un bâtiment se construit , on trouve un charpentier. Il en monte l'ossature et les éléments porteurs.

 

Le menuisier - d'r Schriner

Dans un monde où le plastique n'existait pas, nos ancêtres sont nés dans les berceaux que le

menuisier a créés; ils ont vécu au milieu des meubles, tables et chaises qu'il a fabriqués et ont fini dans les cercueils qu'il a préparés.

 

Le charron - d'r Wàgner

C’est le spécialiste du bois, maître de tout ce qui tourne ou roule dans le village, de la brouette à la charrette. Il confectionnait non seulement les moyens de locomotion et de transport mais aussi de nombreux instruments aratoires tels que charrues, herses, échelles...

Il exécutait toutes les parties en bois tandis que le ferrage était ssuré par le maréchal-ferrant.

De nos jours, ce métier n’existe plus; il a été remplacé par les carrossiers (ceux du métal et de la roue avec pneu).

 

Le tonnelier - d'r Kiafer

Fabricant de récipients cylindriques, formés de lames en bois et cerclés, destinés à contenir de l’eau, du vin, du cidre mais aussi du grain, du sel, des fruits, des légumes…

 

Le scieur de bois - d'r Holzsager

Walter Fankhauser, le scieur de bois faisait la tournée dans le village pour scier les stères de bois aux habitants, et de temps en temps la pause s'imposait.

 

Le sabotier - d'r Holzschüahmàcher

Au XIXème siècle, lorsque l'usage du sabot se généralisa, chaque village eut besoin de son propre sabotier.

Un ouvrier consommait alors cinq à six paires de sabots par an et l'ouvrage ne manquait pas. Le sabotier achetait son bois sur pied et le faisait transporter jusqu'à son échoppe.

 

Le fabricant de râteaux en bois et d'échelles - d'r Rachamàcher

Dans le village, nombreuses étaient les familles possédant un train de culture.

Lors des foins surtout des regains, on utilisait des râteaux en bois.

Il y a une aspérité du terrain, on tire un peu trop fort, et voilà une dent de cassée; il vous échappe des mains, une autre de cassée.

Il en fallait donc des râteaux et des réfections régulières…

 

 

Les métiers de la pierre

Le maçon - d'r Mürer

Robert Fuetterer a commencé le métier de maçon en1924. En ses débuts, l'activité était saisonnière et recouvrait des menus travaux de réfection et de restauration.

Le maçon se déplaçait à bicyclette emportant truelle, taloche et seau sur son porte-bagage. Le chantier qui pouvait être distant d'une dizaine de kilomètres était approvisionné en matériaux, sable, gravier, chaux et ciment par le client qui usait pour ce faire d'un attelage composé d'un chariot et de bêtes de somme.

A l'origine de la commande, point de devis, l'affaire se concluait par une poignée de mains. La prestation du maçon, exécutée au rythme de dix heures par jour, était le plus souvent retribuée sous la forme d'un tarif horaire négocié. Il bénéficiait généralement sur le chantier de l'assistanc et du couvert de la famille.

En 1964, après quarante années d'activité, son entreprise a été reprise par ses fils.

 

 

Les métiers du fer

Le maréchal-ferrant - d'r Hufschmitt

Depuis que l'homme vit en compagnie du cheval, le maréchal-ferrant a exercé son art. Sachant qu'il ferrait les chevaux, mais aussi les ânes et les boeufs de trait et que le village en comptait plusieurs centaines, on imagine que le métier était très développé, Il donne aussi les soins de base aux  animaux quand ils sont malades.

 

Le forgeron - d'r Schmitt

Il travaille les métaux et en particulier le fer à chaud dans une forge, à l'aide d'un marteau et d'une enclume. Il faisait souvent le métier de maréchal-ferrant.

 

Le cloutier - d'r Nàgler

Il fabriquait des clous forgés à l'unité sur une petite enclume fixée sur une souche en bois ou en pierre, avec un marteau spécifique et des tenailles à partir de tiges d'acier. Il façonnait la pointe du clou sur l'enclume et le coupait à longueur voulue.

Les types de clous sont nombreux ; les clous à soulier, les clous à ferrer les bêtes, les clous pour les charpentiers, etc.

 

 

Exploiter la terre

Le laboureur - d'r Àckermànn

Paysan possédant en propre des moyens de labour (araire, charrue, animaux de trait, etc...) à la différence du journalier.

 

Le journalier - d'r Tàglehner

Il louait ses bras à la journée, là où il y avait du travail ; il est souvent associé au monde agricole.

 

 

Les métiers du tissu, du cuir

Le sellier - d'r Sàttler

Il fabriquait et ravaudait les harnais de trait ainsi que les équipements de chevauchée tant pour les montures que pour les cavaliers.

Henri Maerky exerçait aussi le métier de matelassier, fabricant et réparant les matelas; un matelas usé était refait à neuf.

 

Le cordier - d'r Seiler

Jusqu'au début du XXième siècle, le cordier reste un artisan de village qui travaille à l'extérieur (par nécessité de place), mais à l'abri de la pluie qui influe sur la qualité des cordages. Sa production est destinée essentiellement au monde agricole, mais aussi aux autres artisans, tous consommateurs d'au moins un type de ficelle ou de corde (en chanvre ou en lin).

 

Le tisserand - d'r Waber

Artisan qui tissait divers types de fils (lin, chanvre...) pour en faire de étoffes.

 

Le tailleur d'habits - d'r Schnider

Le dernier tailleur en exercice à Winkel, Laurent Schirmer, lui-même fils de tailleur, a pris sa retraite en 1986. Le prêt à porter n'existait pas et il réalisait toutes sortes de vêtements : gilets, pantalons, chemises, jupes, manteaux, des soutanes de curé, des costumes et uniformes de douaniers, de gendarmes et de pompiers. Les tailleurs étaient relativement rares et toute la population des villages environnants le sollicitait. Son épouse Denise le secondait et se chargeait plus particulièrement des pantalons.

" C'était un travail de fou avec des journées sans fin. Quand il y avait des fêtes ou un évènement particulier, on travaillait jusqu'à 15 heures par jour ".

 

Jusqu'à leur retraite en 1986, ils n'ont pas chômé car ceux qui avaient l'habitude du " sur mesure ", les très petits, les gros et autres bien portants n'ont pas trouvé à s'habiller dans les magasins.

 

Le cordonnier - d'r Schüamàcher

Les souliers étaient ressemelés, on n'avait pas les moyens de s'offrir le luxe de jeter les chaussures peu usagées.

Le dernier cordonnier exerçant fut Joseph Schmitt.

Il confectionnait et ravaudait les chaussures. Il fabriquait aussi des chaussures orthopédiques.

 

 

Les services

Le garde champêtre - d'r Bàmert

Agent de la force publique, assermenté, ayant pour mission de veiller au respect des propriétés foncières sises sur le territoire communal ainsi qu’au maintien de l’ordre. Il était habilité à dresser procès verbal en cas de faits délictueux ou de contravention aux arrêtés de la mairie.

en 1958, la disparition du code d'instruction criminelle au profit du code de procédure pénale lui fait perdre sa qualité de police judiciaire. Depuis cette date, la fonction n'est plus obligatoire dans les communes, ce qui va provoquer la lente disparition du garde-champêtre.

Les derniers gardes-champêtres de Winkel furent : René Schmitt et Marcel Lorentz.

Leur rôle était d'informer les habitants du village des décisions municipales concernant la population.

 

Le douanier - d'r Zöllner

Agent de l’administration publique chargé de contrôler le passage des marchandises à la frontière afin de percevoir les taxes afférentes aux mouvements d’importation et d’exportation.

La frontière entre la Suisse et la France est pratiquement restée inchangée depuis le congrès de Vienne le 9 juin 1815 (déroute de Napoléon 1er) jusqu'à ce jour.

De ce fait, de nombreux douaniers se sont succédés dans le village et certains s'y sont installés.

Déjà en 1792 est nommé le douanier Jean-Pierre Dahy.

Le recensement de 1836 mentionne la présence de Georges Lehmann, receveur, et d'Ignace Dietrich, préposé de la douane.

De 1871 à 1918, puis pendant le deuxième conflit mondial, l'Alsace passa sous le gouvernement allemand; les douaniers en poste à Winkel étaient tous nés outre-Rhin, notamment en Prusse, dans le pays de Bade et en Saxe. Vers 1974, la brigade de Winkel a été rattachée à celle de Pfetterhouse.

 

Le cantonnier - d'r Kantonjee

Employé municipal chargé de l’entretien des routes de la commune (les routes étant découpées en cantons d’où l’appellation cantonnier).

 

La sage-femme en milieu rural - die Hebamme

Elle jouait un rôle non négligeable que l’on peut ramener à trois fonctions principales.

Tout d’abord elle pratiquait les accouchements de l’ensemble des femmes du village.

Elle remplissait également une fonction juridique en étant le garant assermenté de l’authenticité des naissances .Son témoignage était notamment requis lors des naissances illégitimes.

Enfin, dans des cas extrêmes, tels que les naissances d’enfants en danger de mort, elle était autrefois autorisée à pratiquer le baptême appelé «ondoiement»

 

La première sage-femme de Winkel dont le nom figure dans les registres de baptême est une certaine Dame Girni (obstetrix) citée en 1683.

En 1777, la sage-femme ondoya un nouveau né qui ne vécut pas.

 

Parmi les noms relevés dans les Archives, citons Magdalena Bedula, Marie Anne Brenner, Eva Seger, Marie Ursule Stecheli et Marie Anne Rosé.

 

La plupart des praticiennes ne détenaient qu’un savoir empirique qui pouvait à l’occasion se révéler dangereux à cause du manque d’hygiène; d’où la création d’écoles de formation, la première en Europe étant celle de Strasbourg en 1728.

Les archives municipales de Winkel mentionnent la formation de Caroline WALCH à l’école de Sages-Femmes de Colmar en 1859, ainsi que celle de Clémentine Fuetterer en 1909.

 

Clémentine Fuetterer (épouse Schmitt), la dernière sage femme ayant exercé à Winkel, prit sa retraite en 1956.

 

La sage-femme rurale appartient désormais au passé; un certain nombre d’enfants de Winkel naissaient depuis quelque temps déjà dans les maternités de Mulhouse ou d’Altkirch, voire celle de Porrentruy en Suisse.

 

Extrait de l’accord du 27 janvier 1859

entre le Conseil Municipal de Winkel

et Caroline Walch, élève sage-femme.

 

Art.1 La commune s’engage à payer(...) la somme de 438 francs pour les frais d’entretien et frais d’accessoires de la dite élève (...)

 

Art.2 -1A charge pour elle (la future sage-femme) de remplir le service des accouchements strictement et sans exception (…).

         - 2Dans le cas où la dite Walch se décidait à quitter la commune et à s’établir dans une autre, elle remboursera à la commune le montant déboursé qui est de 438 francs.

         - 3Ce départ ne pourra avoir lieu de son chef sans qu’elle ait faite la déclaration(…) une année au moins à l’avance (…).

         - 4Elle ne pourra exiger d’aucune partie accouchée de la localité que la somme de quatre francs.

         -5La dite Walch Caroline pourra s’absenter pour cause d’accouchement hors de la commune, mais seulement lorsqu’elle sera certaine qu’aucun accouchement se présente dans la commune en ce moment (…).

 

Art.3 La commune paiera à la dite Walch Caroline la somme de cinquante francs comme salaire annuel (…).

 

Art.4 (...)

 

Art.5 La commune fera l’acquisition des instruments nécessaires pour le service des accouchements .

 

Art.6 Les frais de voyage seront également payés par la commune.